Union Justice – Déclaration Liminaire lors du CSA Ministériel du 19 Juin 2024 : Formation Spécialisée

Madame la Présidente,

L’Union FO Justice tient à vous alerter sur le caractère fondamental pour ne pas dire indispensable de la formation spécialisée. Cette instance ministérielle a un rôle majeur eu égard aux évènements tragiques qui ont traumatisé toute une profession et plus généralement l’ensemble du ministère. Il convient de ne jamais oublier que deux de nos collègues ont été lâchement abattus et trois autres grièvement blessés dans l’exercice de leur mission.

Ce qui relevait du fantasme est devenu une réalité cruelle avec laquelle les professionnels devront désormais composer.

Notre organisation syndicale rappelle que la visée de nos débats est de permettre un diagnostic transparent et exhaustif des risques professionnels. Mais au-delà, notre ambition est de parvenir à instaurer durablement des organisations de travail permettant de garantir l’intégrité physique et morale de l’ensemble des professionnels de ce ministère.

L’idée d’être dans une approche numérique des pertes humaines ne peut nous satisfaire d’autant que l’inventaire ne prend pas en compte le décès de notre collègue mort dans un accident de la route. Comment peut-on omettre un évènement aussi tragique alors que le ministre lui-même a participé aux obsèques ? Les méandres de l’oubli guettent l’administration attachée à une gestion comptable que nous tenons à dénoncer.

Madame la Présidente,

L’Union FO Justice militera sans compter pour réduire tous les facteurs qui conduisent à ces situations dramatiques. C’est dans cet esprit que nous avons grâce au soutien de nos collègues particulièrement affectés par cette tragédie, exigé la mise en place de mesures concrètes dans le but d’assurer la protection du personnel pénitentiaire.

De la même manière, nous ne pouvons passer sous silence le drame qui a touché le personnel des services judiciaires. Nous refusons de rester impuissants face à la souffrance de nos collègues qui conduit certains d’entre eux à mettre fin à leur jour. Nous souhaitons en cette instance saluer la mémoire de Philippe, greffier au tribunal judiciaire de Bordeaux. Ce drame nous oblige à rester vigilants et à mettre en place des actions concrètes au bénéfice des agents.

Madame la Présidente,

Les chiffres ne mettent pas en lumière la réelle volumétrie de la souffrance au travail, le degré d’exténuation des agents, le niveau de pression et les conditions de travail particulièrement dégradées au sein de ce ministère.

Les groupes de travail tels que la QVCT laissent penser que l’administration est résolument déterminée à endiguer ces problématiques. Pour autant, le rapport social unique de la PJJ laisse apparaître une réalité qui contraste avec les ambitions affichées. En effet, nous sommes passés d’une agression physique et verbale tous les deux jours à une agression par jour. Cet indicateur est particulièrement inquiétant lorsque l’on sait que toutes les situations de violence ne sont pas référencées.

L’Union FO Justice constate qu’aucune formation spécialisée n’a été mise en place à la DPJJ. La dernière a été renvoyée aux calendes grecques. Pour notre organisation syndicale, il ne fait aucun doute qu’il faille dépasser le stade des déclarations d’intention. Le moment est venu de demander des comptes à ceux qui ont conduit nos collègues à une mort certaine, à ceux qui en dépit des souffrances au travail veillent à les dissimuler, à ceux qui refusent en toute impunité de mettre en place les protocoles et les chartes.

Madame la Présidente,

Il ne suffit pas de convoquer les organisations syndicales, de glaner des habilitations et des labels, de mettre en place des groupes de travail sur la qualité de vie au travail, de prétendre vouloir lutter contre les violences sexistes, de se targuer de l’existence d’Allo-Discrim pour répondre de manière efficiente aux attentes légitimes des agents.

Bien au contraire, il faut rompre avec des dispositifs inopérants. Pour rappel, le PARIPRACT dont la destinée semblait fortement compromise doit sa longévité à notre organisation syndicale qui de manière proactive et dans l’intérêt des agents a cibler trois thématiques.

Madame la Présidente,

L’effet millefeuille et l’empilement des commandes interministérielles nuisent à la lisibilité des actions en matière de sécurité et de santé au travail. Les enquêtes doivent être réalisées avec rigueur, les instances de proximité doivent jouer pleinement leur partition et les recensements méritent d’être exhaustifs. Vous l’aurez compris, la situation est loin d’être satisfaisante.

À ce titre, l’Union FO Justice réclame :

  • La mise en œuvre réelle de la charte ministérielle de lutte contre les violences.
  • La mise en œuvre systématique d’une enquête lors d’un décès ou accident de service grave.
  • L’aboutissement des travaux de l’ANACT dans les meilleurs délais.
  • La mise en œuvre du protocole d’accord en lien avec le drame d’Incarville et le comité de suivi qui en découle.
  • La publication de la note de cadrage relative à la formation des représentants des Personnels.
  • La mise à disposition de chiffres consolidés en matière de SST.

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