
Madame la Présidente,
Ce premier CSA de l’année en formation spécialisée se tient dans un contexte avec le passage à 90% de la rémunération des agents en arrêt maladie à compter du 1er mars 2025.
Cet acharnement du gouvernement sur la fonction publique illustre bien la non-reconnaissance de l’implication des agents publics dans leur mission. Il y aura certainement un impact sur l’attractivité dans de nombreuses filières comme c’est actuellement le cas à la PJJ au regard du nombre de candidats présents aux concours. Le dernier rapport de la DREES sur la trajectoire des éducateurs spécialisés entre 2012 et 2021 indique qu’un éducateur sur deux a quitté le métier, l’avenir est donc radieux à la PJJ. Par ailleurs dans le cadre du dialogue de gestion l’administration centrale vient de rendre ses derniers arbitrages sur les BOP présentés par les DIR.
FO Justice PJJ pense d’ores et déjà que la DPJJ persiste dans ses erreurs en ignorant les leçons du plan social de l’an dernier ! Il est impératif qu’elle revoie en profondeur ses indicateurs d’activités, qui sont aujourd’hui totalement obsolètes.
Concernant les points présentés à l’ordre du jour, à savoir le rapport d’activité de la médecine du travail et le bilan du plan d’action SST 2021 à 2024 il est intéressant pour FO Justice PJJ de faire un comparatif entre ces deux documents.
Nous avons en effet la médecine de prévention qui alerte l’administration sur la détérioration des conditions de travail et qui met en péril à la fois la santé des professionnels et la qualité de l’accompagnement des jeunes. Les rapports des médecins du travail sur l’ensemble des territoires sont explicites : les conditions d’exercice des éducateurs et des personnels encadrants sont devenues alarmantes.
Pour FO Justice PJJ nous pensons que nous sommes confrontés à une accumulation de facteurs délétères qui engendrent souffrance, stress et épuisement.
Madame la Présidente,
Contrairement au PSN que vous nous avez présenté et qui faisait l’éloge de la mise en œuvre du CJPM, la médecine de prévention constate que la réforme de la justice des mineurs a généré des bouleversements organisationnels qui fragilisent nos pratiques professionnelles et accentuent les tensions au sein des équipes. Dans le même temps, les charges de travail explosent, avec des horaires « à rallonge », des journées qui s’étendent tard dans la nuit et des déplacements sur de longues distances qui épuisent les personnels.
Le rapport indique également que nous faisons face à une montée inquiétante des situations de violence en détention. Les jeunes pris en charge présentent de nouvelles spécificités – troubles psychiques, radicalisation – qui nécessitent des moyens adaptés etune formation renforcée. Or, au lieu d’un accompagnement ajusté et de ressources supplémentaires, nous devons affronter ces réalités dans un climat d’improvisation et de sous-effectifs constants. Cette exposition aux violences met en danger non seulement les professionnels, mais aussi les jeunes eux-mêmes, dans un cadre où les moyens de prévention et de protection sont largement insuffisants. À cela s’ajoutent des risques accrus d’accidents de service, liés à ces situations de violence, ainsi qu’aux contraintes du travail de nuit.
Le travail isolé est un véritable problème de sécurité et la mise en place systématique du travail en binôme est une nécessité absolue, qui ne peut plus être ignorée. Nous n’avons pas été surpris non plus de voir apparaitre dans ce rapport que le nombre élevé de contractuels, plongés dans l’incertitude du renouvellement de leur contrat, instaure un climat d’instabilité permanent. Le plan social du mois de juillet dernier n’en est qu’une parfaite illustration. En effet, comment nos collègues contractuels peuvent-ils se projeter et s’investir pleinement dans leur mission alors qu’ils ne savent pas s’ils auront encore un emploi demain ? Cette précarité fragilise les équipes et nuit gravement à la continuité du travail éducatif et d’accompagnement.
Par ailleurs, nous constatons un turn-over incessant des cadres de proximité (DS-CADEC), engendrant une perte de repères et un affaiblissement des régulations institutionnelles. Chaque changement de direction impose de nouvelles méthodes, de nouvelles priorités, et vient désorganiser encore davantage des équipes déjà en souffrance.
Dans ce contexte chaotique, les conflits de valeurs se multiplient, se transformant en conflits interpersonnels et alimentant un climat de travail délétère. Nous sommes nombreux à être en profond désaccord avec des injonctions managériales déconnectées du terrain, qui compromettent le sens même de notre mission éducative et sociale.
Par contre, le bilan PASST sur 2021 à 2024 est beaucoup plus nuancé. Car selon la PJJ, il a permis des avancées notables en matière de santé et sécurité au travail, avec des axes d’amélioration qui restent nécessaires pour une prévention plus efficace et homogène sur tout le territoire.
Bizarrement la PJJ se congratule des actions microscopiques qu’elle a mise en place comme les actions de prévention qui n’ont été que rarement mises en place sur le terrain.
Les indicateurs de mise à jour des DUERP ne sont que des coquilles vides car aucun établissement et service n’a présenté un PAPRIPACT dans les CSA régionaux ou territoriaux. Quant aux missions des inspecteurs SST qui sont censés être indépendants pour faire appliquer le droit et cadre règlementaire, FO Justice PJJ reste dubitatif car leurs recommandations reçoivent certainement l’aval des « milieux autorisés » avant d’être publiées.
Enfin FO Justice PJJ dénonce la légèreté dont fait preuve la PJJ concernant les risques psychosociaux car les conditions de travail sous le prisme d’un management pathogène influent négativement sur l’organisation du travail et sont bien évidement les causes de la souffrance au travail.
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