Monsieur le Garde des Sceaux,
En préambule, l’Union FO Justice vous souhaite la bienvenue et salue votre présence à nos côtés.
En présidant cette instance ministérielle, vous donnez du sens à la notion de dialogue social mais, au-delà, vous exprimez votre considération à l’endroit de l’ensemble des agents de ce ministère.
Présider cette instance, c’est également accepter d’entendre les mécontentements, les revendications, les points de divergences dans un contradictoire parfois houleux mais respectueux et constructif.
Nous nourrissons l’espoir que vous mobiliserez toute votre énergie pour faire du dialogue social une priorité absolue en veillant à présider régulièrement ce CSA ministériel.
Monsieur le Garde des Sceaux,
Notre organisation syndicale refuse de penser que votre désignation en seconde position de l’ordre protocolaire est une manœuvre politique visant à obtenir le soutien de l’aile gauche du parlement.
Au contraire, nous sommes tentés de penser que la poursuite de la modernisation de la justice est une priorité gouvernementale avant d’être sociétale.
Comme vous le savez, la justice est au cœur des préoccupations des citoyens, des médias et des politiques. Des tribunaux de la morale sont érigés contre une justice jugée trop laxiste.
D’autres voix s’élèvent pour dénoncer une justice trop répressive.
Quelles que soient les opinions des uns et des autres, il y a une réalité qui n’échappe à personne, « la justice a un besoin cruel de moyens humains et financiers ».
C’est précisément sur la base de ce constat, que votre prédécesseur a décidé de rompre avec des décennies de paupérisation. Son action a permis d’augmenter le budget du ministère de la Justice de manière considérable permettant ainsi d’obtenir une loi de programmation votée très largement à l’Assemblée Nationale.
Monsieur le Garde des Sceaux,
Notre organisation syndicale attend de son ministre qu’il s’inscrive dans une dynamique similaire et poursuive le travail de rattrapage pour que la justice soit rendue de manière optimale et efficiente.
Entrevoir votre mandat sous l’angle fataliste du strict redressement budgétaire serait une erreur stratégique. Les réformes indemnitaires, statutaires et les protocoles d’accord en cours doivent se poursuivre.
Bien plus encore, la justice de demain doit être ambitieuse et investir pour améliorer durablement le traitement indiciaire de son personnel. Une orientation inverse serait un signal extrêmement négatif envoyé aux personnels de justice, toutes filières confondues, qui œuvrent au quotidien.
Monsieur le Garde des Sceaux,
Notre organisation syndicale attend de son ministre qu’il engage un travail mémoriel pour nos collègues de la pénitentiaire décédés dans l’exercice de leur mission et dans des conditions inacceptables.
Nous exigeons que toutes les dispositions en matière de santé et de sécurité au travail soient prises au bénéfice des agents sur l’ensemble des directions.
Notre organisation syndicale attend de son ministre un soutien indefectible face aux violences physiques et morales subies par les agents de justice. L’absence de réaction ferme du ministère face aux phénomènes de violence contribue à leur banalisation et nous ne pouvons nous y résoudre.
L’Union FO Justice attend de son ministre qu’il se penche sur la question de la surpopulation carcérale dont le niveau a atteint largement son paroxysme.
L’inertie et la léthargie de l’administration sont une prise de risque considérable. Est-il nécessaire de rappeler que les établissements sont sous tension ?
Cette thématique doit faire l’objet d’une priorité absolue et d’une mobilisation générale au risque d’assister à l’implosion des établissements pénitentiaires.
À ce titre, notre organisation syndicale se tient à la disposition de l’administration pour apporter son expertise et proposer des solutions efficaces permettant d’agir sur ce problème endémique.
Monsieur le Garde des Sceaux,
Notre organisation syndicale attend de son ministre qu’il prenne des mesures concrètes et efficaces pour sortir la Protection Judiciaire de la Jeunesse de la crise structurelle à laquelle elle est confrontée.
La DPJJ souffre d’une instabilité chronique des équipes RH, d’un problème de gouvemance et d’un dialogue social compliqué. Pire encore, les stigmates d’une politique hasardeuse sont lisibles dans la dérive budgétaire et le non-renouvellement de nombreux contractuels.
Pour rappel, notre organisation syndicale a lancé une grève reconductible pour soutenir les contractuels et les services.
Une intersyndicale dénuée de nuances s’est engagée dans la même voie a posteriori. Pour autant, elle ne partage pas le même dessein que Force Ouvrière qui défend les droits des agents sans dogme.
En effet, l’intersyndicale anti-sanction, anti-CUPM, anti-Cer, anti-penal, et surtout anti-FO, nourrit des velléités électorales et tente de dévoyer le mécontentement légitime des professionnels.
L’Union FO Justice vous alerte sur la nécessité de mettre fin à la prise en charge des mineurs au rabais, à la relégation de l’éducatif et à l’augmentation des risques psychosociaux à travers des plans d’action interrégionaux inadaptés. L’heure est à l’accélération des recrutements de contractuels et à l’ouverture de négociations sur le recrutement, la formation et la gouvernance.
Monsieur le Garde des Sceaux,
L’Union FO Justice attend de son ministre, qu’il n’oublie pas que la justice des mineurs est au cœur des préoccupations des citoyens.
Au-delà des débats sur la justice pénale des mineurs, nous déplorons que l’absence criante de moyens dévolus à la PJJ n’ait pas permis d’évaluer sérieusement l’efficience du CJPM.
Monsieur le Garde des Sceaux,
Encore une fois, l’Union FO Justice vous souhaite pleine et entière réussite au sein de ce ministère mais sachez que notre vigilance sera de rigueur.
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