Prison de Châlons-en-Champagne : SOS établissement en détresse

Il y a quelques mois, Force Ouvrière avait claqué la porte du groupe de travail sur la refonte du service, mécontent des réponses apportées par l’administration, qui déclarait, en substance, que nous devions faire le deuil de notre petit confort, et réapprendre à travailler différemment.

Lors de la dernière réunion à laquelle nous avions participé, nous avions insisté sur le climat délétère qui régnait sur l’établissement, l’aggravation vertigineuse des risques psycho-sociaux, et sur le fait que, si rien n’était fait, alors les conséquences pourraient être lourdes.

QUELQUES MOIS APRES, LE CONSTAT EST SANS APPEL :

L’ETABLISSEMENT EST LITTERALEMENT AU BORD DE L’IMPLOSION !

Si, à l’époque, nous étions d’accord pour dédouaner la Direction actuelle de toute responsabilité au sujet des choix faits pour la mise en place des ELSP (point de crispation, qui marque le début de l’effondrement du service), aujourd’hui nous sommes obligés de constater que les orientations prisent depuis ne font que précipiter la chute inexorable de notre établissement.

La gestion mise en place s’articule autour de trois grands principes :

  • Ignorer complètement les textes et règlementations en vigueur, par mépris ou méconnaissance
  • Déléguer toutes décisions ou responsabilités, ou, à défaut, ne rien décider et laisser pourrir les situations
  • En cas de difficulté, trouver un bouc-émissaire et tout lui mettre sur le dos

Après quasiment un an de ce management 2.0, les résultats sont désastreux :

Un mal-être profond et généralisé règne dans tous les services et effectifs de l’établissement. Les agents viennent travailler au mieux, à reculons, et au pire, avec la boule au ventre. Et malheur à celui qui, au bord du burn-out, fera l’affront de se voir prescrire quelques jours de CMO, il sera illico envoyé chez le médecin contrôleur, et même plusieurs fois s’il a le malheur de prolonger son arrêt …

Les heures supplémentaires explosent, alors qu’en parallèle, nous n’avons jamais travaillé avec autant de postes découverts. Les agents de détention n’ont plus de rythme de travail, plus de vie de famille, la sonnerie du téléphone devient la hantise de tous dès qu’ils ont plus d’un jour de repos … Pour ceux qui sont présents et qui tiennent le coup, les journées de boulot sont devenues infernales et épuisantes, avec un ou plusieurs postes découverts quasi quotidiennement, le stress est permanent et la sécurité n’est plus qu’un vague concept, mais en aucun cas une réalité concrète.

On demande aux agents d’être disponibles et corvéables, d’accepter les rappels sans broncher, mais au moment de mettre les heures supplémentaires en paiement, alors on sort le parapluie des 108H… Car 108H, c’est le nombre d’heures supplémentaires maximum qu’un agent peut faire au trimestre, mais c’est juste pour le folklore, car dans les faits, on rappelle les agents bien au-delà et jusqu’à l’épuisement, et on maquille le tout en décalant les mise en paiements, afin que les stats soient bonnes… Revenez bosser et fermez-la, vos heures seront payées le prochain trimestre, ou 9 mois plus tard si l’Officier Origine fait une boulette… Les excuses et les regrets, c’est bien, mais ce n’est pas ça qui mettra du gazole dans la voiture ni des cadeaux sous le sapin…

Les postes fixes ne sont pas épargnés, ils doivent se dédoubler alors que leur nombre a été réduit comme peau de chagrin, et accepter sans broncher qu’on change ou qu’on charge leur fiche de poste de missions supplémentaires (sans discussion et validation en CTS, bien entendu). Celui qui osera trop se plaindre sera puni au parloir, avant qu’on ne revienne le chercher si personne ne veut tenir le poste vacant à sa place…

Enfin, et pour couronner le tout, la tension monte en détention, les détenus ne sont pas dupes du manque d’effectifs chronique, mais également des récents évènements qui ont conduits certains de nos collègues en audition police ou devant la justice… Les provocations et refus d’obtempérer en tous genres se multiplient, et un sentiment d’impunité envahi nos coursives… Dans ce contexte tendu, les agents perdent petit à petit l’autorité naturelle qu’ils avaient implicitement jusqu’alors, et en cas d’incident en détention nécessitant l’usage légitime de la force, il est plus que probable que les volontaires ne soient plus nombreux…

LA SITUATION EST LITTERALLEMENT INTENABLE ET PERSONNE N’IMAGINE POUVOIR TENIR UNE ANNEE DE PLUS COMME CELLE QUI VIENT DE S’ECOULER

Après le temps du constat doit venir le temps des solutions. C’est un réel et sincère appel au secours que le Bureau Local FORCE OUVRIERE lance à la DISP GRAND EST et à la DAP.

Un énième groupe de travail ne résoudra rien, car il n’y a aucun cap, et personne pour tenir la barre !

Il faut de réels changements, et vite !

Les agents se sentent littéralement en danger en venant travailler. Cela n’est pas acceptable et l’administration ne peut pas rester sans réaction !

Lire le communiqué